J'ai logé dans ta nuit tapissée de regards.
Mon feu révélait ta veille
Dans le reflet froid des retines.
J'ai senti la fragilité du calme et
La peur capable
D'embraser la montagne
De cri
Et de sang
Les cris immobiles et
Les hululement craquelant
Des branches séchées par
La vigilance tétanique
Ont eu raison cette nuit
De mon humanité.
La moisissure quantique
De mon corps accroupi
Dans les feuilles brûlantes
Des eaux croupies
L'air s'est mélangé à ma peau
Mon regard changé en oeil
Ma parole n'était que le chant sauvage
De ma présence.
Je n'étais rien d'autre
Que cette peur confortable
Emmanant le suc
D'une viande nerveuse
Et trop maigre
La viande
Ensorcelée
Des fous.
La convergence
Converge
Encore
Et encore.
Il n'y a que nous
Pour ne pas être.
Le centre
Ne sera jamais
Cet objet.
J'habiterai nos corps.
Je m'adresse
J'adresse
J'adresse une attention
Portée en soin
À notre fusion
Par le cosmos.
Rien d'autre n'a jamais été dit.
J'aime mes sens,
Quand ils saturent.
J'aime le monde,
Le monde brûlant,
Le monde qui
Me légitime, le monde
Inintelligible, ce monde
Accablant qui
Me nidifie
Dans le ridicule
Et l'insignifiance.
J'aime la lumière,
La lumière
Des zéniths multipliés, quand
Elle me baigne
De ses maternités.
J'aime ce vide plein
De mémoires d'orgasmiques
De paix
Et de désirs où les objets
Sont rendus invisibles où
Le désir, isolé, est devenu
La nudité mentale
La nudité portée
À ma condition
Sauvage
Enfin
Déshumanisé.
La poésie est l'état
Où tout est devenu
Abstrait par l'intrication,
Concret par l'être,
Vrai.
Comment ai-je fait pour
Apparaître dans l'invisible ?
Comment la lumière
A-t-elle nourrie mon sang ?
Comment l'air porte-t-il
Cette charge si dense ?
Comment ai-je pu jusqu'alors
Traverser le monde
Depuis ici
Sans me douter une seule fois
Que je n'étais qu'une fleur ?
Comment ai-je pu à ce point
Déborder d'une si dure insouciance ?
Comment filer maintenant
Dans cet éther de joie ?
Comment faire de cet amour
Une arme maternelle pour
Chaque autre fleur.
Comment partager cela avec autre chose
Que les papillons ?
Je ne suis que
La graine
D'une épluchure,
Une promesse
Depuis ma naissance,
Une faille dans
Mon humanité.
Je ne suis que
La Terre qui
Grouille hors
Des agitations.
Je ne suis que ce
Moins qu'un corps
Qui permet
D'être
La tranche invisible la pression du jet l'espace perpendiculaire le potentiel seul l'attente du présent la pensée dans l'oiseau l'horizon sa gravité dans la suspension des nuages d'une
Simplicité humble
À retrouver
L'implosion des mondes
Convergeants
Vers
Un pas de papillon.
“Le regard est le miroir de l'âme”...
Il est aisé de se décharger avec des maximes abstraites. Le regard est le miroir de l'âme est une belle vérité seulement quand celle-ci est investie.
Le regard est un investissement.
Il ne parle de nous seulement quand nous faisons l'effort de l'habiter.
Il ne parle de nous que lorsque notre regard est traversé par un autre regard et qu'il nous est essentiel que cet autre regard trouve ce qu'il cherche, c'est à dire quelqu'un.
Regarder un regard est un dialogue.
C'est par la qualité d'un regard qu'on trouve l'être dans la justesse de ses états.
C'est par dessus ce dialogue ineffable que la parole prend tout son sens.
De la même façon,
C'est par la qualité du regard que l'on reconnaît les désincarnations.
Tuto désincarnation :
1 – Déconsidérer son ressenti par la volonté seule.
2 – S'identifier à une présence extérieur comme une idée ou une voiture.
3 – Déconsidérer son ressenti jusqu'à l'oubli et y éprouver un soulagement abstrait.
4 – Entraîner son regard à la vacuité en regardant des écrans proposant des sensations désaffectées et des émotions inappropriées.
5 – Faire de cet entraînement une hygiène et une activité principale, au mieux essentielle.
6 – Perdre toute capacité de concentration et d'adaptation.
7 – Améliorer son déni pour l'appliquer dans des addictions et responsabiliser autrui.
8 – Accuser des inconnus sur votre situation permettra de tenir la barre dans l'irresponsabilité de façon tout à fait autonome et tenace.
L'enfant occidental apprend des regards.
Le regard est un organe de la culture, c'est un art.
Les enfants occidentaux apprennent
La désincarnation.
Tous les outils nécessaires sont à leur disposition.
Le théâtre ne peut être qu'une discipline littéraire et élitiste.
Il doit être mystique et populaire.
L'espace chante.
Rien n'est plus concret,
Plus envoûtant et
Plus juste
Que ce mystère.
C'est un chant de terre
Mélangé d'éthers et
De vents d'oiseaux.
Je danse les pieds
Dans le moût
De l'humanité.
Je danse les
Vapeurs animales.
Je suis du
Totem des chamanes,
Mon corps
Aime et la joie
Des feuilles du hasard est
Cette partitions divine.
Le mystère est las
De mes yeux ouverts.
Le ventre est l'interface
De la lucidité.
La première fois qu'on m'a posé la question, j'ai été sidéré.
Je ne savais pas pourquoi je ne savais pas ce que je voulais.
Une fois perdu dans mon intimité j'ai réussi à me formuler ce que je voulais vraiment.
“Je veux un cheval.”
J'ai instantanément compris et admis, que ce n'était une bonne idée ni pour le cheval, ni pour moi.
Depuis je ne sais pas ce que je veux, et j'en suis tout à fait soulagé.
J'ai trop besoin d'être un cheval.
C'est ce que j'ai compris plus tard.